Si traduire un texte, et, en l’occurrence réécrire une fable, permet et même impose de sonder avec acuité l’œuvre qui fait l’objet de cette attention, c’est toujours cela de gagné sur les approximatifs survols de nos lectures habituelles. Et c’est beaucoup. Traduire c’est d’abord mieux voir avant de voir autrement. Mais toucher ainsi à La Fontaine est surtout un défi linguistique qui frôle l’impossible. Comment, dans une langue choisie, rendre d’une façon non seulement adéquate mais admirable toute la subtilité et la feinte, la simplicité désarmante de l’original, sa pudeur, sa justesse, son ironie tamisée, sa cohérence esthétique et sa prosodie sans fausse note, sans oublier l’impeccable naturel des dialogues ? Il serait plus facile en effet de lacer ses chaussures avec des baguettes chinoises…
Pour tirer mon épingle de ce jeu, je me suis imposé deux contraintes, m’appuyant sur quelques principes assez simples : primo, je n’allais ni lire ni prendre comme modèle d’autres traductions anglo-américaines de La Fontaine. La déception ressentie plus tard à la lecture de quelques-uns de ces essais a confirmé le bien-fondé de ma réserve. Force est de constater qu’à part des vers de mirliton encombrant le menu, on est copieusement servi de phrasés atones et malhabiles, infusés d’infantilismes qui laissent perplexe. Puisse une herméneutique sur la réception et la c...
Commentaires (identifiez-vous pour commenter)