Pendant longtemps, quand un livre sur la mafia sortait en France, c’était soit une traduction de l’italien, soit un ouvrage de Marcelle Padovani – journaliste au Nouvel Observateur –, qui semblait en avoir l’exclusivité. Mais depuis quelques années les choses ont changé et les intellectuels français se sont mis à écrire sur le sujet – ce qui doit certainement émouvoir les Italiens qui les lisent et surtout les aider à ne plus se sentir seuls ! En effet, la mafia a été vue très longtemps un peu partout dans le monde comme une spécialité italienne à ajouter à la pizza, à la chansonnette napolitaine et, pour les plus cultivés, à l’opéra. Bref, une spécialité ou une anomalie folklorique dont on pouvait même se gausser. Les quelques films-cultes que la mafia a inspirés – la trilogie du Parrain en tête – n’ont fait qu’enfoncer le clou.
Un pouvoir invisible. Les mafias et la société démocratique (XIXe-XXIe siècles)
Mais la mafia existe bel et bien, et maintenant on le dit haut et fort. Comme Jacques de Saint Victor, le dernier en date, dans un gros pavé qui fait suite à Mafias (2008), son premier essai sur la question, et au Monde des mafias. Géopolitique du crime organisé (2005), du commissaire divisionnaire Jean-François Gayraud, ainsi qu’à La N’Drangheta (2009), du criminologue Stéphane Quéré.
Un pouvoir invisible est divisé en trois parties, la première – plus académique – porte sur la naissance de la puissance mafieuse, du début du xixe au d...
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