Bien sûr, Perec a rencontré la honte. Mais pas seulement dans ce qu’elle peut venir coincer entre névrose et culpabilité. Souffrir de la honte suppose un « je » suffisamment consistant pour être affecté de se voir sali, humilié, méconnaissable. Ce qui paraît plutôt avoir menacé l’identité de Perec, ce serait le « manque-à-être », comme il se disait naguère. Quelque chose de plus envahissant, de plus totalitaire encore que la honte : l’épreuve insoutenable, c’est le largage absolu, tel qu’il l’évoque à son arrivée dans le Vercors, quand « les choses et les lieux n’avaient pas de nom »...
Georges Perec : la honte et la virtuosité
Article publié dans le n°1189 (01 mars 2018) de Quinzaines
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