Radiguet, aujourd’hui ? On peut se poser la question. Le mythe d’un écrivain mort tout jeune, l’auréole du génie accordée dès sa disparition, deux romans au titre célèbre, mais sur lesquels on ne revient plus guère. Non qu’ils aient perdu l’éclat que les contemporains de l’auteur ont pu apprécier : simplement le genre romanesque est l’un de ceux sur lesquels le regard de la postérité se pose de la manière la plus impitoyable qui soit, reléguant la plupart des œuvres au barathre de l’indifférence et de l’oubli. D’autre part, il est parfois de mauvais présage, pour un roman, de devenir un classique rangé à une place immuable dans l’histoire littéraire. C’est parce que l’on n’en a pas fini avec leur œuvre qu’un Proust ou un Céline enterrent tant de romanciers à chaque génération, et ce que les éditeurs nous proposent aujourd’hui en fait de romans est à peu près à la littérature ce qu’un "Fast Food" est au Lucas-Carton de la grande époque.
Ce « Radiguet aux sourcils soudés », comme le peignait Paul Morand, n’a été ni cette seconde Mme de La Fayette que certains se sont plu à voir dans le signataire du Bal du comte d’Orgel, ni un second Rimbaud auteur d’un Diable au corps dont il était aussi le héros – un Rimbaud qui aurait trouvé ses Verlaine en un Max Jacob et un Jean Cocteau, lesquels montrèrent pour cet adolescent déluré une attirance qui n’eut peut-être pas ses dons littéraires pour seul objet. Radiguet, en tout cas, n’a jamais rien eu d’un « écrivain maudit », malgré la légende bâ...
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