« Il faut, avec les mots de tout le monde, écrire comme personne. »
Colette domine la littérature française de la première moitié du XXe siècle. Née il y a 150 ans, Sidonie-Gabrielle Colette (1873-1954) grandit en Bourgogne « parmi des arbres et des livres » sous l’œil exigeant de parents aimants. La faillite de l’entreprise paternelle assombrit son enfance. Elle a 11 ans lorsque les biens familiaux sont vendus aux enchères. À ses 20 ans, son mariage avec « Monsieur Willy », journaliste parisien qu’elle décrira plus tard comme « sans scrupule », lui apporte une sécurité financière et l’initie aux mondanités de la Belle Époque. Éditeur de romans libertins, son mari l’incite à écrire des histoires dont il s’attribue la paternité. Rapidement déçue par sa vie conjugale, Colette divorce de Willy et, pour gagner sa vie, devient tour à tour danseuse, actrice, mime, acrobate...
Peu après son remariage avec le baron Henri de Jouvenel, elle devient mère (à 40 ans) mais, contrariée par la guerre, cette union s’achève par un second divorce. Au début des années 1920, Chéri et Le Blé en herbe sont des succès de librairies. L’œuvre de Colette s’affirme comme une ode au plaisir, à tous les plaisirs : « Le désir est une matière tangible », écrit-elle. Dans la maturité, sa plume l’emporte à nouveau vers l’enfance. « Tendre vers l’achevé, c’est revenir vers son point de départ », lit-on dans La Naissance du jour (1928). Dans ce roman, Colette brouille les pistes entre la vie et la fiction comme jamais auparavant. Pour la première fois, elle ne se cache plus derrière le nom de son héroïne. Elle met en scène un personnage fictif qui s’appelle Colette et qui a écrit les Claudine. Elle invente un procédé littéraire inédit que l’on nommera bien plus tard l’autofiction. « Imaginez-vous, à me lire, que je fais mon portrait ? Patience : c’est seulement mon modèle... »
Celle dont la vie fut provocante et libre accueille avec reconnaissance les honneurs qui ponctuent la dernière partie de sa vie : le Goncourt qu’elle préside de 1949 jusqu’à sa mort, les médailles et les décorations. Première femme à qui la France offrira des funérailles nationales, Colette s’éteint en 1954.
Patricia De Pas
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