Depuis quelques mois, la 5G nous est présentée comme une question politique et environnementale. Et effectivement elle l'est. D'abord parce qu'elle s'accompagnera d'une augmentation considérable de la consommation énergétique globale. Ensuite parce qu'elle pose des questions de sécurité et d'autonomie, les objets connectés étant le maillon faible de la cybersécurité. Enfin et surtout en raison des rayonnements auxquels elle soumettra les populations, et ce en l’absence de leur consentement. Actuellement occulté, cet aspect sanitaire est pourtant de la première importance.
Le premier de tous les rayonnements électromagnétiques, celui du soleil, n'est pas dénué d'effets biologiques sur l'organisme humain : outre les « coups de soleil », il est notamment responsable des cancers de la peau. Il n’est donc pas illogique qu'il en soit de même des autres ondes électromagnétiques, celles que nous émettons artificiellement depuis la découverte de l’électricité mais surtout, plus récemment, celles qui sont mises au service des technologies de communication sans fil. De fait, les affections chroniques, cancers, déficits neurologiques et cardiaques, troubles de l’immunité sont d'incidence croissante partout dans le monde, et notamment chez les enfants et les adultes jeunes. « Et contrairement à ce qu'affirme sans preuve tangible l'Institut National du Cancer en France, cette progression ne faiblit pas, ni en France, ni dans le monde », précise le professeur Belpomme1.
Outre la possibilité d’utiliser une connexion filaire pour les usages du numérique, il existe des alternatives technologiques permettant de réduire l’émission d’ondes électromagnétiques. Cette pollution nouvelle a des effets biologiques sur les cellules humaines, les animaux et les plantes, comme en attestent les milliers d’articles publiés dans des revues à comité de lecture depuis les années soixante-dix. Ces travaux émanent de scientifiques travaillant en toute indépendance : ils constituent le socle référentiel de l’ouvrage.
Les ondes artificielles sont « polarisées », nous expliquent les auteurs. Cela signifie « que la variation temporo-spatiale de leurs champs électrique et magnétique se fait dans une seule direction par rapport à la ligne de propagation de l’onde », alors que les ondes naturelles ne sont pas polarisées, « leur variation se faisant de façon aléatoire dans toutes les directions par rapport à la ligne de propagation. Il en est ainsi notamment du rayonnement solaire. » À cela s’ajoute le caractère « pulsé » des ondes artificielles, tandis que « les ondes naturelles se propagent de façon continue et uniforme ».
Parce qu’elles sont polarisées et pulsées, les ondes créées par l’homme posent des problèmes de santé particulièrement complexes. Les premières inquiétudes se sont manifestées au moment de l'utilisation des premiers radars, pendant la Seconde Guerre mondiale, lorsqu’il s’est avéré que les militaires exposés développaient des pathologies inconnues jusqu’alors. Trente ans plus tard, la Marine américaine lança une recherche afin de collecter toutes les études médicales sur les effets biologiques des ondes dont la longueur est comprise entre 1 mètre et 1 millimètre. Elle n’en dénombra pas moins de 3 000. Voilà donc bien un demi-siècle que les militaires savent pertinemment que les radiofréquences et les hyperfréquences, y compris celles émises à très faible puissance, sont dangereuses pour la santé. Les Soviétiques le savaient si bien qu’ils les ont utilisées pendant la guerre froide comme une arme invisible pour neutraliser l’ambassade américaine à Moscou.
Pourquoi donc cet aveuglement collectif en matière de technologies sans fil ? Est-ce parce que les populations n’imaginent pas qu’une technologie déployée tous azimuts pourrait être nuisible à la santé de tous ? Ou parce que les vieilles ficelles d’hier fonctionnent encore aujourd’hui et qu’il nous faudra attendre peut-être deux ou trois décennies pour les dénouer une nouvelle fois ? Les entreprises à qui ces technologies profitent utilisent encore et toujours la stratégie qui a fait ses preuves au milieu du XXe siècle. Comment oublier ces affiches publicitaires diffusées aux États-Unis entre 1930 et 1960 sur lesquelles des médecins souriants venaient vanter les bienfaits sur la santé de... la cigarette. De fait, les industriels savent depuis longtemps comment financer des contre-études, tout en rémunérant directement ou indirectement des experts pour semer le doute et créer l’inertie collective2...
Plus récemment démasquée, la « tromperie aggravée » des laboratoires Servier dans l’affaire du Mediator est une nouvelle piqûre de rappel : combien de temps faudra-t-il encore attendre pour renforcer le principe de précaution, notamment dans les situations où santé publique et intérêts privés entrent en concurrence ?
1. Le Pr Belpomme a contribué à créer l'INCa.
2. Cf. Stéphane Foucart, La fabrique du mensonge, Denoël, 2013, ainsi que Franck Cuveillier et Pascal Vasselin, La fabrique de l’ignorance (documentaire à voir jusqu'au 23 avril 2021 sur arte.fr et disponible en DVD).
Le sabotage de la science
Comment en sommes-nous arrivés là ? Alors qu’aujourd’hui la pandémie de Covid-19 est là pour nous rappeler que la maîtrise complète de la Nature est une illusion qui nous met en danger. Concernant la pollution électromagnétique, pourquoi la confusion a-t-elle gagné à ce point les esprits qu’on en vient à négliger les risques liés à l’utilisation sans limite des différentes technologies sans fil ? Alors même que de très nombreux malades appellent au secours; que l’utilisation des tablettes et des ordinateurs connectés en WiFi est devenue courante dans les collèges et les lycées, et que de nombreux enfants et adolescents présentent des troubles du comportement et des retards scolaires apparemment inexpliqués, que le WiFi continue à être installé sans précaution dans tous les lieux publics: les établissements scolaires et universitaires, les bibliothèques, les hôpitaux, fermant ainsi la porte à tous ceux devenus intolérants aux champs électromagnétiques; que malgré le principe de sobriété inscrit dans la loi Abeille, il en est de même dans les écoles maternelles, les maternités et les crèches; que les téléphones portables sont encore admis dans les lycées et continuent à y être utilisés le plus souvent en catimini, qu’ils sont d’usage courant au quotidien, dans la rue, le train, le métro, au restaurant, au travail comme à domicile ; et que l’utilisation des jeux vidéo plusieurs heures par jour, comme vient de le reconnaître l’OMS, induit une véritable addiction chez les jeunes; et qu’avec la perspective de la 5G moquant les principes de sobriété et de précaution, cette nouvelle pollution ne pourra que s’amplifier. La réponse tient en une seule et unique constatation: dans le contexte du développement technologique actuel et d’un néo-libéralisme économique non régulé, les données de la science, lorsqu’elles sont contraires aux intérêts de ce développement, sont bafouées, manipulées ou rejetées. Les arguments des lobbies sont toujours les mêmes: les preuves apportées par la science ne seraient pas scientifiques; elles relèveraient non de la science elle-même, mais d’une certaine pseudoscience. Autrement dit: « Circulez, il n’y a rien à voir! Faites-nous confiance. Nous sommes les seuls spécialistes des télécommunications! »
Extrait du Livre noir des ondes, Éd. Marco Pietteur, 2021
À la suite du rapport rendu par l'ANSES sur la 5G en avril 2021, nous publions la contre-expertise du Professeur Belpomme et des co-auteurs du Livre noir des ondes.
Patricia De Pas
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