Le "Précis de l’action" de Bertrand Saint-Sernin a quelque chose de déroutant pour le lecteur s’attendant à une analyse philosophique de l’agir, telle qu’on la trouve chez Aristote, Sartre, Elizabeth Anscombe, Vincent Descombes ou d’autres. Quoiqu’il touche à des réflexions classiques sur la liberté de la volonté et le déterminisme, sur les rapports entre l’action et d’autres phénomènes (sans agent) de la nature, l’ouvrage ne propose pas une analyse de la volonté, de l’intention, etc., comme on pourrait s’y attendre. Ce texte offre une analyse hétérodoxe de l’action, à travers des thèmes aussi divers que les modèles représentés par les grands hommes d’action, l’histoire de la modélisation mathématique de la théorie des jeux (ou mathématique sociale), l’administration de l’Éducation nationale, le débat français sur les OGM et une métaphysique de l’action fondée sur une cosmologie chrétienne (laïcisée).
Mais pour faire pleinement justice au projet, il faut souligner, malgré le caractère parfois surprenant de certains sujets abordés, que l’auteur parvient à donner au tout une certaine cohérence et offre en cela une vision originale de l’action. Il s’agit en effet de saisir l’action, non pas tant du point de vue de sa spécificité ontologique ou métaphysique, ni même éthique, mais en tant qu’elle fait partie d’un ordre de la nature, d’une cosmologie. Bien qu’il se soucie de savoir comment modéliser l’action, Saint-Sernin cherche davantage à étudier comment maximiser l’efficacité de l’actio...
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