Récit carcéral, ce texte a pris ces derniers mois une tragique actualité pour son auteure, une voix majeure de la littérature turque : Asli Erdoğan est emprisonnée depuis le 19 août, victime parmi beaucoup d’autres de la répression orchestrée par les autorités turques depuis le putsch avorté du 15 juillet dernier. Cette militante des droits de l’homme et de la femme, qui défend notamment la minorité kurde et demande la reconnaissance du génocide arménien, a vu requérir contre elle et huit autres collaborateurs du journal d’opposition Özgün Güden, le 10 novembre, la réclusion à perpétuité – pour « appartenance à une association terroriste », ce qu’elle dément, et « incitation au désordre ». Réquisition réitérée le 24 novembre en dépit d’une demande de libération conditionnelle par un tribunal turc. Depuis plus d’un mois, la mobilisation internationale est forte, pour faire entendre sa voix1.
Dans Le Bâtiment de pierre, revenue d’une prison où d’autres sont restés, une femme se souvient. Remémoration douloureuse, lancinante, de choses vues, entrevues, hallucinées. Entendues dans un cri, un murmure, un silence.
Les lieux ? Un bâtiment labyrinthique, de cinq étages avec sous-sol. Les cellules n’y ont pas de fenêtre, les jours artificiels n’y ont pas de nuit. On peut le situer en Turquie, mais les indications sont rares, comme sont allusives les accusations portées à l’encontre des prisonniers, des enfants pour certains d’entre eux,...
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