L’aphorisme est un art difficile, qui exige de son auteur et de son lecteur un peu de concentration. Le trait doit jaillir, comme un éclair qui soudain, la nuit, va éclairer le monde. Du moins une de ses facettes. Car la pensée fragmentaire répugne aux systèmes, aux conceptions globales et ordonnées : elle leur préfère la vision d’un monde en éclats. Chez Dominique Noguez, auteur de tant de travaux sur l’humour, on n’est pas surpris que cet éclat soit aussi un éclat de rire, même s’il est souvent teinté d’amertume.
Pensées bleues, humour noir et rire jaune
Dominique Noguez, qui nous avait habitués au noir[1], place ce recueil sous le signe du bleu. Mais quel bleu ? Celui des hématomes et du coup de blues, quand le monde a cogné trop fort ? Il est vrai qu’il n’est pas tendre, le monde : « Tous ces efforts pour vivre ! à la fin, on en a sa claque. Suicide est enfant de Fatigue ». Ou plutôt ce bleu délicat qui suit un ciel noir et fait espérer « l’illumination des choses » : c...
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