Il y a d’abord l’angle de ce récit, qui présente déjà l’intérêt d’être quasiment inédit : celui du témoignage personnel d’une avocate qui s’est engagée à défendre l’indéfendable, ou, pour le préciser d’emblée, un père tortionnaire et meurtrier de sa fille de huit ans. Une parole encore peu entendue. L’autre particularité de ce livre, et non des moindres, est qu’il évoque un cheminement vers une forme de défense radicale. En effet, celle-ci ne se raccroche ici à aucune forme d’argument qui pourrait aider à expliquer le geste et raboter la culpabilité de l’accusé. L’horreur est là, brute, massive et nous regarde dans les yeux. La loi spécifie que quiconque a le droit d’être défendu. Mais qu’est-ce que défendre un « monstre » qui n’est plus appréhendé ni comme le fruit de son passé, ni comme la regrettable résultante de déterminismes sociaux ? Est-ce seulement possible et comment le vit celle ou celui qui s’y emploie ? Y a-t-il une leçon quelconque au bout de ce tunnel ?
La maladroite, récit-fiction d’Alexandre Seurat paru en 2015 (également aux éditions du Rouergue), nous plongeait dans ce même fait divers terrible (jamais nommé dans son livre pas plus que dans celui de Véronique Sousset), « l’affaire Marina » : une fillette séquestrée et très gravement maltraitée par ses parents durant les huit années de sa courte existence, et qui succomba, en août 2009, sous les coups et tortures de ses bourreaux. Seurat recomposait, à travers une mosaïque de monologues, les témoignages de l’entourage proche et plus lointain de la fillette et retraçait ainsi...
Commentaires (identifiez-vous pour commenter)