À l’heure où la société civile interroge la démocratie sur son fonctionnement, ses vides dans la sphère des institutions politiques et les limites de sa représentativité, deux livres reviennent fort à propos sur quelques combats essentiels que les femmes ont eu à mener. La Voix des femmes est une manière d’hommage : Françoise Soldani y rassemble autour de quatre figures marquantes plusieurs textes pionniers dans la lutte pour l’accès des Françaises à leurs droits civiques. Fragiles ou contagieuses est un essai brillant de deux féministes américaines des années soixante-dix, Barbara Ehrenreich et Deirdre English. Elles analysent quant à elles, avec beaucoup d’acuité, la manière dont le système médical a constitué l’un des rouages majeurs d’exclusion et d’oppression des femmes – plus particulièrement aux États-Unis à la fin du XIXe et au début du XXe siècle. Deux livres qui nous laissent entrevoir le chemin parcouru mais nous dévoilent aussi un fonds de représentations dont nos sociétés ne se sont pas encore déprises.
Fragiles ou contagieuses. Le pouvoir médical et le corps des femmes
(
Cambourakis)
La voix et la bannière
Le livre de Françoise Soldani a d’abord le mérite de nous remettre en mémoire des chiffres qui donnent toujours le vertige. Souvenons-nous qu’il faudra attendre encore vingt-huit ans pour célébrer le centenaire de l’ordonnance qui accorda le droit de vote aux femmes en France. Première nation à avoir adopté le suffrage universel (1848), notre pays fut pourtant en Occident le dernier à l’ouvrir à la moitié de sa population… Ce droit nous semble aujourd’hui à ce point élémentaire que l’on serait souvent bien en peine de se rappeler les argume...
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