Le dernier qui avait vu cela s’appelait Lazare ; il est mort il y a dix ans, en 2008. Il était le dernier témoin à conserver, au fond de son cerveau tremblotant, l’empreinte des images éteintes et des voix disparues – avec les relents de cantine, de crasse mouillée et de fumées chimiques. Tout un monde de ferraille, de terre et d’explosions, dont plus personne ne pourra se souvenir. Un trou béant, incompréhensible, dans la mémoire collective, qu’on a laissé à ciel ouvert, comme on a abandonné à la friche l’invraisemblable champ de destruction qui s’étend sur des centaines de kilomètres d...
L’armée des ombres
Article publié dans le n°1203 (01 nov. 2018) de Quinzaines
La Moustache du soldat inconnu
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