Cette pièce raconte l’histoire d’Irène Kalder (1918-1983), compagne d’Amon Göth, chef d’un camp de concentration pendant la Seconde Guerre mondiale. C’est de ce camp que l’industriel Oskar Schindler sauva un millier de Juifs en les recrutant pour ses fabriques d’émail et de munitions. Göth est un des personnages les plus emblématiques de la cruauté nazie. Après la guerre, il fut jugé et condamné à mort en 1946, par pendaison.
Sous la pression d’un entretien accordé à un journaliste américain, ancien combattant de cette guerre qui enquête sur les prisonniers sauvés grâce à Schindler, Irène exhume son passé de femme amoureuse d’un commandant nazi, Amon Göth, et le quotidien de sa vie de « petite reine » dans sa belle demeure aux portes du camp de Plaszów en Pologne.
Majola est un huis clos fascinant. Le spectateur voit se dérouler l’interrogatoire de la compagne du nazi. Quelle était la place de cette jeune femme dans le déroulement des événements qui conduisirent des millions de Juifs dans les chambres à gaz ? Comment percer sa véritable personnalité au-delà des dénégations et des postures ? Après quarante ans d’anonymat, elle va leur livrer sa vérité, tout en les forçant à dévoiler la leur…
Le personnage d’Irène Kalder est incarné à la perfection par Caroline Darnay, qui livre là une performance remarquable, jusqu’à l’accent allemand qu’elle s’approprie pour la circonstance. Grâce à elle, la personnalité fuyante d’Irène Kalder, la puissance de son déni ainsi que ses acrobaties intellectuelles et psychiques soutiennent la réflexion du spectateur et le plongent dans un questionnement intime, à l’issue incertaine…
Patricia De Pas
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