Dans la Grèce antique, la sobriété (ou la tempérance) était un idéal. Aristote concevait l’activité économique comme un moyen de satisfaire des besoins humains essentiels. Pour Laurent Éloi, cet idéal est devenu nécessité. L’économie (qu’en bon professeur il commence par définir) a été érigée au rang de science de manière tout à fait artificielle. Il n’y a pas de loi économique. Les choix résultent de constructions intellectuelles et de conventions sociales : ils ne reposent pas sur des vérités scientifiques. Or, aujourd’hui, les choix économiques ne servent plus le bien-être humain. C’est ce paradoxe que Laurent Éloi cherche à mettre en lumière.
Il explique notamment pourquoi la sortie de la croissance est la seule solution à l’urgence climatique. Cette catastrophe qui nous guette (et déjà nous affecte), nous n’avons pas d’autre choix que de l’affronter avec lucidité. Or que constatons-nous ? Tous ceux qui ont analysé la genèse de la crise écologique ont remarqué qu’elle débute dans le mitan du XXe siècle. Et, en regardant précisément le contexte de l’époque, on ne peut qu’être frappé par une coïncidence : en juillet 1944 s’est tenue la conférence de Bretton Woods. C’est là que les quarante-quatre nations alliées jetèrent les bases du système monétaire de la seconde moitié du XXe siècle. Dans les suites de ces accords, le produit intérieur brut (PIB) devint l’indicateur principal du développement. La croissance économique fut alors considérée comme l’objectif de toute politique économique. Ce qui n’était qu’un parti pris est peu à peu devenu un dogme. Depuis lors, ce récit de la croissance heureuse s’est installé comme un standard alors que tout devrait amener à le remettre en question, notamment l’explosion des inégalités sociales et le dérèglement de l’harmonie du vivant.
Patricia De Pas
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