Concerts annulés, films déprogrammés, contrats rompus avec des théâtres ou des orchestres : on ne compte plus les sanctions que les institutions culturelles prennent contre les artistes russes. Par ailleurs, certaines demandent aux artistes évoluant en leur sein de condamner la guerre, alors que d’autres, comme le Festival d’Avignon, proclament la nécessité de faire entendre les voix des artistes russes dissidents. Dans la situation actuelle, tout se passe comme si seule la dissidence pouvait laver ces artistes du péché d’être nés en Russie. Mais la déprogrammation des œuvres et des artistes n’est pas la seule forme de boycott ; il en existe une autre, moins apparente, qui n’a nul besoin d’être revendiquée ni même assumée.
Citons, à titre d’exemple, le sort réservé aux nouvelles de Léonid Andreïev que les éditions Rue Saint Ambroise viennent de publier dans le cadre de leur collection « Les meilleures nouvelles ». Parmi les librairies qui diffusent habituellement cette collection, deux sur trois ont préféré ne pas mettre en vente le recueil, jugeant qu’il ne se vendrait pas en raison de la nationalité de son auteur.
On peut s’étonner d’un tel raisonnement quand on connaît la vie et les prises de position de Léonid Andreïev. Emprisonné et poussé à l’exil par la police tsariste, l’écrivain russe fut ...
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