La revue Europe consacre son double numéro d’été à Mandelstam, et comme pour Chestov (1) c’est une réussite. « Il est impossible de citer un autre poète qui, dans des circonstances aussi inhumaines, ait cultivé une telle confiance en l’humain. » Alexandre Kouchner (né en 1936), poète héritier de la tradition pétersbourgeoise à laquelle appartenaient Ossip Mandelstam et Anna Akhmatova, et plus près de nous Iossif Brodski dont il fut le compagnon, ne pouvait mieux ouvrir ce numéro que par le mot confiance : au milieu des crimes et des douleurs, un poète témoigne d’une ultime confiance précisément dans le mot et l’homme (tout homme et tout l’homme) qui le prononce.
Ossip Mandelstam
Europe, juin-juillet 2009, 332 p., 20 €
L’intérêt de cette livraison est moins dans un bilan que dans des témoignages et apports nouveaux. Notre connaissance du poète s’enrichit réellement. Trois angles d’approche qui correspondent à trois périodes-clés de sa vie : le séjour de l’étudiant à Paris (d’octobre 1907 à l’été 1908), le voyage dans les pays du Caucase, surtout l’Arménie (d’avril à novembre 1930), l’exil à Voronej (juin 1934-mai 1937).
À Paris, Mandelstam a seize ans. Son français est mal formé, son esprit se construit : il découvre François Villon dont la figure reviendra jusque dans ses derniers po...
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