Démontrer que la baisse de la fécondité, en Iran, a été amorcée dès le milieu des années 1980, c’est-à-dire sous la République islamique ellemême : voilà qui rompt avec les idées reçues, en montrant que les femmes, censées être évincées de l’espace public, conservent en réalité une forme de maîtrise. Par leur influence sur la natalité, déjouant ainsi les slogans du régime, les femmes échappent à un processus de contrôle incapable, dès lors, de revendiquer une totale emprise. Mainmise du pouvoir qui, ne détenant plus toutes les clés, risque ainsi d’être mis à mal. N’y avait-il pas, il y a trente ans déjà, une menace de rébellion (quel mot employer qui ne soit pas politiquement connoté ?), battant en brèche un dispositif que l’on croyait solidement verrouillé ? Et si les affrontements actuels étaient déjà en germe dans une insoumission silencieuse, vieille de trois décennies ?
Iran : un monde de paradoxes
Qu’apportent, à la géopolitique, les méthodes de la démographie ? Une perception quantitative offrant une lecture du mode de vie des habitants d’un pays. Mode de vie ici et maintenant, et non pas mondialisation stéréotypée jusque dans les discours qu’elle inspire. Habitants d’un pays, et non entité-pays sur un mode désincarné. Les habitants d’un pays ne sont pas réductibles à l’abstraction d’un jeu d’échecs entre stratèges des relations internationales. L’arithmétique mise en lumière par le démographe (profession de l’auteur de ce livre venu à point nommé) dément parfois l’image de ...
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