La « conférence de Heidelberg » a réuni, le 5 février 1988, dans le grand amphithéâtre – l’Aula – de l’université de Heidelberg, Jacques Derrida, Philippe Lacoue-Labarthe, venu de Strasbourg, et le philosophe allemand déjà âgé Hans-Georg Gadamer, autour du thème « Heidegger, portée philosophique et politique de sa pensée ». Pareil thème était déjà en soi source de polémiques, mais – la date ici a son importance – cette « discussion mémorable » eut lieu peu de temps après la publication en français du livre de Victor Farias Heidegger et le nazisme (Verdier, 1987), qui avait relancé, avec des documents nouveaux, de manière très médiatique, la question de « Heidegger nazi ».
La conférence de Heidelberg (1988). Heidegger, portée philosophique et politique de sa pensée
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Lignes)
Est-ce le caractère solennel et mondain de cette réunion organisée par Mireille
Calle-Gruber pour l’Institut français, et le fait qu’elle se tenait dans les lieux mêmes où Heidegger avait prononcé le 30 juin 1933 un discours sur « l’Université dans le nouveau Reich » qui avait fait écho à son discours du rectorat ? Est-ce la gêne que suscitait une intense médiatisation, avec de nombreux journalistes et une retransmission télévisée par la Westdeutscher Rundfunk, peu compatible avec la lente démarche de déconstruction que Derrida pratiquait d’ordinaire ? Est-c...
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