« C’est parce que ces histoires sont véridiques qu’elles sont toutes tragiques. La vie d’un animal sauvage a toujours une fin tragique. » Témoin malheureux et révolté de la disparition du wilderness américain, Ernest Thompson Seton (1860-1946) signe avec ces récits des portraits d’animaux très attachants. Comment oublier Lobo, le noble roi loup, Molly, la mère Courage d’une famille lapin, ou Collier Roux, la gélinotte dont seul un grand-duc a la bienveillance d’achever les souffrances imposées par un homme ? Au moment où l’on apprend que le nombre de vertébrés – poissons, oiseaux, mammifères, amphibiens et reptiles – pourrait chuter de 67 % d’ici à 20201, rééditer ces textes pionniers, tombés dans l’oubli2, était nécessaire. C’est chose faite dans la collection « Biophilia » de Corti, déjà riche d’une dizaine de titres invitant à une réflexion transdisciplinaire sur le devenir commun des espèces animales et humaine, et à une vie en meilleure harmonie avec la nature.
Le plaisir à lire ces récits est immense – si l’on s’intéresse un tant soit peu à la vie animale. Non pas à nos amis les compagnons de nos solitudes ou de nos enfants, mais aux animaux pour eux-mêmes, avec leurs règles, leur langage, leur organisation, comme il en vivait encore à l’état sauvage en Amérique, au Nouveau-Mexique et au Canada à la fin du XIXe siècle. Pour entrer dans le vif de son sujet, qui est « la vraie personnalité de l’individu » plus que le mode de vie d’une espèce, Seton fait serment de réalisme et adopte une technique de récit assez proche du tra...
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