Sur le même sujet

Lettres africaines

Article publié dans le n°1265 (26 mars 2025) de Quinzaines

Publiée l’année dernière en italien chez l’éditeur milanais Feltrinelli, Africana est une anthologie qui manquait. Dédié à la grande Ama Ata Aidoo, récemment disparue, et dont le livre fondateur Our Sister Killjoy (Longman, 1977) est toujours attendu en traduction, ce recueil se compose de vingt-trois histoires (ou parties de romans) provenant de seize pays, inédits pour laplupart et traduits de l’anglais, du français, de l’acholi, de l’amharique, de l’arabe, du gikuyu, du portugais et du tigrinya.
Africana Viaggio nella storia letteraria del Continente
Publiée l’année dernière en italien chez l’éditeur milanais Feltrinelli, Africana est une anthologie qui manquait. Dédié à la grande Ama Ata Aidoo, récemment disparue, et dont le livre fondateur Our Sister Killjoy (Longman, 1977) est toujours attendu en traduction, ce recueil se compose de vingt-trois histoires (ou parties de romans) provenant de seize pays, inédits pour laplupart et traduits de l’anglais, du français, de l’acholi, de l’amharique, de l’arabe, du gikuyu, du portugais et du tigrinya.

On y lit des auteur(e)s classiques tels que Mongo Beti (Cameroun), Ousmane Sembène (Sénégal), Flora Nwapa (Nigeria), Ngũgĩ wa Thiong' (Kenya), Bessie Head (Afrique du Sud, Botswana), Leila Aboulela (Egypte, Soudan, Royaume-Uni) et d’autres moins connus de nous mais déjà récompensés par des prix internationaux comme le sont Elgas (Sénégal), Akwaeke Emezi (Nigeria), Ndawedwa Denga Hanghuwo(Namibie). L’article inaugural (« Littérature africaine ») de l’intellectuel sénégalais Boubacar Boris Diop sert de prologue au recueil, indispensable pour nous orienter dans un univers varié mais cohérent, jamais banal car plein de surprises.

La structure est à la fois chronologique et thématique. Est abordée l’histoire de la littérature africaine, depuis le milieu du XXe siècle jusqu’aux succès littéraires récents (Mohamed Mbougar Sarr et Damon Galgut pour ne citer qu’eux) ; un voyage littéraire qui prend sa source à l’époque coloniale puis traverse les décennies agitées de l'indépendance, avec l'euphorie et la désillusion qui les ont caractérisées, pour aboutir aux temps présents, marqués par les luttes du passé et impatients de s'en libérer enfin.

L’Afrique a longtemps inspiré l'exotisme, l'aventure et la conquête à de nombreux écrivains, peintres, explorateurs européens. Dans Africana, les pays qui la composent sont surtout le creuset de leurs propres histoires. Il ne s’agit pas de « passer la parole » au continent mais de reconnaître que la parole, sur le continent africain, a toujours existé ; à tel point que si nous avions voulu et su la lire dans les textes, les stéréotypes sur l’Afrique n’auraient peut-être jamais surgi.

Patricia De Pas

Vous aimerez aussi