« Je n’arrive pas à vivre, mais je tiens encore à moi. En fait je pourrais vraiment très bien vivre sans moi, à bien y penser. » Le livre à peine en mains, il peut paraître surprenant que ce texte en prose sans mention de personnages, sans indications de mise en scène et sans dialogues soit intitulé « pièce de théâtre ». C’est qu’Elfriede Jelinek se propose justement de sortir de toutes les conventions qui enferment le langage dans un carcan mensonger et l’empêchent d’approcher ce qui affleure aux limites de l’insondable – bref, de quitter l’illusion pour aller vers davantage de vérité.
Winterreise. Une pièce de théâtre
Cette « pièce » a donc été écrite pour les Kammerspiele de Munich, et effectivement jouée en 2011 (et reprise depuis à Vienne). Le champ est entièrement libre pour le travail de mise en forme et d’adaptation, le choix des comédiens et la distribution des rôles, l’intégration éventuelle de la musique – tentation d’autant plus grande que le titre est emprunté tel quel à l’un des plus grands cycles de lieder de Schubert, un des sommets de la création artistique mondiale !
Sachant combien Elfriede Jelinek est férue de musique, on devait s’attendre à ce que la référence à Sch...
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