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Le désir philosophique

Difficile au début de la première année de philosophie, en classe de terminale en France, d’éluder la question : qu’est-ce que la philosophie ? L’enseignant se lance alors dans un cours d’introduction difficile, souvent aporétique (1), qu’il finit au cours des années par écourter ou par supprimer, convaincu comme l’avait dit Hegel que le philosophe doit se jeter à l’eau, car vouloir philosopher avant de philosopher est aussi illusoire qu’apprendre à nager avant de s’être risqué dans l’eau. C’est pourquoi, dit Lyotard, cette leçon inaugurale (il s’agit d’un cours donné en 1964 et demeuré inédit) ressemble à un acte manqué.

Pourtant Lyotard n’abandonne pas la question mais la déplace : « Pourquoi philosopher ? ». La formule change tout puisqu’elle ne présuppose plus son objet. Qu’est-ce que la philosophie ? interroge une réalité certaine, quand Pourquoi philosopher ? fait place au doute, à l’absence toujours possible de la philosophie.


L’examen de cette structure présence-absence passe pour Lyotard par une analyse du désir, et c’est la première conférence. Son étymologie fait de la philosophie (philo-sophia) une forme d’amour et de désir. De cet amour, on donne souvent une...

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