Le temps est un objet empirique mal identifié. Il est familier à chacun, nul ne l’a jamais vu ni touché. Que savons-nous de sa nature profonde ? Est-ce vraiment lui qui fait s’user, changer, vieillir ?
Le temps est une question de la métaphysique mais aussi de la physique. Le physicien Étienne Klein vient d’ailleurs de lui consacrer une réflexion de belle épaisseur : plus d’un millier de pages, d’une lecture très stimulante malgré l’aridité de certains passages – les notes de bas de pages, abondantes, permettent de ménager le néophyte tout en ne perdant pas en route le lecteur plus averti...
La physique moderne éclaire de mieux en mieux le statut du temps. Cela est d’autant plus vrai depuis les grandes découvertes du vingtième siècle, la relativité restreinte d’Einstein, la physique quantique, la découverte de l’antimatière et celle, particulièrement troublante, de l’expansion de l’Univers.
De fait, le temps de la physique contemporaine s’éloigne de notre acception courante. De puissants arguments théoriques permettent en effet d’envisager la discontinuité du temps, voire sa pluralité. Et de repenser de manière inédite des questions que se pose l’humanité depuis... la nuit des temps. Pour en citer quelques-unes : le temps est-il apparu « en même temps » que l’Univers ou l’a-t-il précédé ? Comment s’est-il mis en route ? Est-il dans le monde ou le contient-il ? Quel est le statut de ce temps qui ne changerait pas mais ferait tout changer ? Les fameux « trous de ver » permettront-ils de voyager dans le temps ?
Derrière les évidences familières, Étienne Klein soulève les paradoxes et trouble notre perception du réel.
Patricia De Pas
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