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Penser la Résistance

L’assertion fait sourire d’un air entendu : fervents admirateurs du maréchal Pétain sous l’Occupation, les Français sont subitement devenus gaullistes en 1944 ; passifs, voire complices de l’action criminelle des autorités allemandes et de Vichy, ils se sont complaisamment laissés bercer par le mythe d’une France résistante durant plus de vingt-cinq ans, jusqu’à ce qu’un film magistral, Le Chagrin et la Pitié, vienne les secouer et leur renvoyer une image fidèle mais peu reluisante d’eux-mêmes. Telle est, à grands traits, la « vérité établie », diffusée par les médias et les manuels scolaires, sur le comportement des Français durant les années 1940-1960. Une somme de clichés accumulés dont l’historien Pierre Laborie s’attache à « repérer les logiques et les lieux de fabrication ».
Pierre Laborie
Le chagrin et le venin. La France sous l'Occupation, mémoire et idées reçues
(Bayard)

Avec le temps, la lecture « démysficatrice » des années noires a imposé la représentation de Français veules et apathiques, attentistes et lâches, isolés d’une minorité de résistants héroïques et d’une autre minorité composée de « collabos » fanatiques. Autre postulat, plus récent, de la « vulgate » : la prééminence du mythe « résistantialiste » aurait occulté les crimes de Vichy, plus spécialement l’antisémitisme d’État, et retardé la nécessaire prise de conscience à cet égard. Ainsi, dans un récent manuel pour élèves de classe terminal...

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