Revues Dossier Initiales n° 27, Poésie, Sans raisons et sans rimes (mars 2012, 63 p., gratuit). – L’association de libraires Initiales propose en distribution gratuite dans les librairies un dossier thématique, coordonné par Alain-Gérard Daudon, qui se donne pour objectif de rendre compte de « quelques aspects de la poésie d’aujourd’hui et de ceux qui la font vivre ». Les lecteurs pourront y retrouver notamment plusieurs entretiens avec Paul Otchakosky-Laurens, Yves Di Manno ou Fabienne Raphoz à propos de leur métier d’éditeur, ou une évocation de la poésie sur Internet avec Florence Trocmé et Pierre Le Pillouer.
Cahier Benjamin Fondane n° 15 (257 p., 15 €). – Le quinzième « cahier Benjamin Fondane » propose une très riche relecture de son ouvrage Baudelaire et l’expérience du gouffre publié à titre posthume en 1947. Outre la publication des passages supprimés par l’éditeur, le dossier articule cette étude autour de quatre thèmes, « Genèse », « Lectures », « Thématiques » et « En marge du gouffre », qui donnent à voir, au travers, notamment, des textes de Ion Pop, Anne Mounic, Maria Villela-Petit et Annafrancesca Naccarato, l’ampleur de la réflexion de Fondane à propos de l’œuvre du poète.
L’Atelier du roman n° 69 (printemps 2012, 200 p., 15 €). – La dernière livraison de cette belle revue, essentiellement faite par des romanciers qui se consacrent à la « critique et à la réflexion sur le roman et son rapport au monde », nous propose au détour de longs entretiens – entre Eugène Ionesco et Fernando Arrabal ou Carlos Fuentes et Massimo Rozzante –, de critiques – à propos de Pasolini, Houellebecq ou Zweig –, de nouvelles et autres chroniques ou illustrations de Sempé, un riche et étonnant travail collectif, mené par douze écrivains de sept nationalités à propos de La Dernière Tentation de Nikos Kazantzaki.
Benoit Laureau
Notre collaboratrice Marie Étienne conseille aux lecteurs de La Quinzaine littéraire les revues suivantes :
Triages, éditions Tarabuste (mars 2012, 150 p., 23 €). – Triages publie un numéro spécial consacré au poète et traducteur Dominique Grandmont. Sous le titre Vivre n’est pas assez, il rassemble des textes de poètes, parmi lesquels Louis Aragon, qui soutint Dominique Grandmont de son amitié attentive, Bernard Noël, André du Bouchet... et de critiques littéraires. L’ensemble se lit avec intérêt et plaisir car le volume est aéré et raffiné dans sa présentation. Parmi les nombreux livres de l’auteur, rappelons le très beau et douloureux récit, publié par la même maison d’édition, et paru en 2007 : Le Fils en trop.
Siècle 21 n° 20 (printemps/été 2012, 224 p., 17 €). – Le numéro 20 de la revue Siècle 21, qui en est à sa dixième année d’existence et qui a pour vocation de faire connaître des littératures étrangères, propose notamment un dossier sur la littérature anglaise contemporaine et un autre sur le poète Lionel Ray, à propos duquel un colloque s’est tenu en 2011 à la Sorbonne. L’ensemble est riche et diversifié.
M. É.
Dans le même temps, notre collaborateur Pierre Pachet suggère la lecture de la revue suivante :
À contretemps, L’écriture et la vie, Éditions libertaires (janvier 2012, 336 p., 15 €). – Freddy Gomez anime et publie la précieuse petite « revue de critique bibliographique et d’histoire du mouvement libertaire » À contretemps. Il rassemble, sous le titre L’écriture et la vie, aux Éditions libertaires, des textes, études et entretiens parus dans la revue autour de trois écrivains passionnants, à ne pas oublier : d’abord Stig Dagerman, l’écrivain prodige dont Maurice Nadeau a fait connaître les romans en France (L’Enfant brûlé, Le Serpent), et qui est resté, jusqu’à son suicide en 1954 à 31 ans, fidèle au journal anarchiste suédois Arbetaren auquel il avait donné 2 067 billets quotidiens. Il avait voulu conjuguer « solitaire et solidaire ». Puis Georges Navel, ouvrier et écrivain (Travaux, avec cette phrase : « J’ai toujours détesté les lieux où j’étais enfermé : école, usine, caserne »), encouragé par André Gide et par Bernard Groethuysen, qui dans un entretien avec Phil Casoar en 1984 livre de savoureux souvenirs sur les milieux anarchistes qu’il a bien connus – en particulier quand il est passé en Espagne en 1936 pour se battre avec les républicains ses individualités indociles, avides de livres et d’idées nouvelles. Enfin le poète, traducteur (en particulier du poète hongrois Endre Ady, mais aussi de poètes russes) et esprit inclassable Armand Robin (La Fausse Parole, Poèmes non traduits), collaborateur de l’hebdomadaire Le Libertaire, ami de Georges Brassens, arrêté par la police le 28 mars 1961 et mort le lendemain à l’Infirmerie spéciale du Dépôt « dans des conditions jamais éclaircies ». Il avait adressé en octobre 1943 une Lettre à la Gestapo, reproduite ici, comportant ces mots : « Tueurs, vous êtes des tueurs », qui a dû paraître à ces Messieurs trop insolite pour qu’on aille l’inquiéter.
P. P.
Pierre Pachet
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