Lorsque sa mère acquiert un appartement pour la première fois, Elsa a sept ans. Cet appartement sera désormais le lieu de son enfance, où circule un climat incestuel de mère à fille si prégnant et insidieux qu’on ne peut le nommer. Il y a pourtant un âge pour chaque chose, comme l’écrit Virginia Woolf dans son Journal d’un écrivain. Une citation que Pauline Peyrade a placée en exergue de son texte : « L’âge de comprendre : l’âge de détruire… Et ainsi de suite. » Le roman est divisé en deux parties, deux âges qui en laissent deviner d’autres à venir. À l’heure où des textes aussi exigeants que Triste Tigre de Neige Sinno interrogent des rapports de violence impensables et impensés, L’Âge de détruire (Prix Goncourt du premier roman 2023) travaille profondément ce mal qui nous encercle et les possibilités de s’y arracher.
Ariana Saenz Espinoza : Dans quel passage du Journal de Virginia Woolf avez-vous lu la citation qui vous a donné le titre de ce roman ?
Pauline Peyrade : C’est dans son journal de travail, dans une note écrite pour elle-même, un petit paragraphe où elle parle de Shakespeare, de dramaturgie. C’est une note un peu en biais – il y a de vrais passages écrits où elle pense, où elle creuse, et des passages plus évasifs, comme celui-ci. Je l’ai beaucoup relu, j’y suis ...
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