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Les cinquante ans de la Fondation Maeght

Deux ailes incurvées, des baies ouvertes à la lumière, en bas la cour Giacometti. La photo est sur la couverture du volume présentant la Fondation, en juillet 1974 ; elle est reprise, presque identique, pour ce cinquantième anniversaire. Un passé d’une extrême richesse, et une vitalité intacte. La magie de la Fondation est liée à cette construction ouverte sur la colline de Saint-Paul-de-Vence.

EXPOSITION

50 ans, la Passion de créer

Fondation Maeght, 623, chemin des Gardettes, 06570 Saint-Paul-de-Vence

Jusqu'au 10 Novembre 2014

 

LIVRE-CATALOGUE de l'Exposition

Présenté par Adrien Maeght et Olivier Kaeppelin

Fondation Maeght, 190 p., 28€

Deux ailes incurvées, des baies ouvertes à la lumière, en bas la cour Giacometti. La photo est sur la couverture du volume présentant la Fondation, en juillet 1974 ; elle est reprise, presque identique, pour ce cinquantième anniversaire. Un passé d’une extrême richesse, et une vitalité intacte. La magie de la Fondation est liée à cette construction ouverte sur la colline de Saint-Paul-de-Vence.

André Malraux inaugure la Fondation Maeght. Il dit : « Lorsque nous regardions tout à l’heure le morceau de jardin où sont les Miró, il se passait la même chose que lorsque nous regardions la salle où étaient les Chagall. Ces petites cornes que Miró réinvente avec leur incroyable puissance onirique sont en train de créer dans votre jardin, avec la nature au sens des arbres, un rapport qui n’a jamais été créé. »

Pas un musée, Malraux y insiste, au nom d’un peintre, mais une fondation des Maeght, Aimé et Marguerite. L’existence de la Fondation, son génie, sont liés à la rencontre d’une nature, d’une architecture d’œuvres d’art et d’artistes. Trois constructeurs sont des amis de jeunesse, à Barcelone. Tous les trois, à peine plus d’un mètre soixante, tous les trois visionnaires et artisans, Miró, Josep Artigas, le céramiste, et Josep Lluís Sert l’architecte ; ce dernier a construit l’atelier de Miró à Palma. Maeght l’a vu et a décidé que Sert serait l’architecte de sa fondation. Les œuvres y sont vivantes. Des artistes sont souvent là. On pouvait voir Miró le peintre échanger avec Stockhausen le musicien le secret des objets hétérodoxes de leurs pratiques artistiques. On pouvait voir Chagall s’efforçant de rivaliser avec les oiseaux chantant dans la cage de la buvette, dont le mobilier est l’œuvre de Diego Giacometti, le frère d’Alberto. Une bibliothèque, des ateliers de création.

À l’entrée, parmi les pins, sur la pelouse, Calder, Zadkine… Et courant au-dessus des arbres, Le Labyrinthe Miró, aux figures, aux matières multiples. On est loin des musées, soit qu’ils se bornent à un volume formaté, soit qu’ils s’offrent comme un « geste architectural ». Ici la pierre, le béton, l’eau, la terre cuite, la mosaïque, la céramique… Pas de rupture, pas de formes arrêtées, la mort était l’ennemie de Miró, la vie tenait à la rencontre, à la circulation, voire aux heurts.

La vie de la Fondation Maeght fut aussi celle de la musique, vivante : John Cage, Duke Ellington, Cecil Taylor ont joué dans la cour Giacometti. Musique et poésie. Jacques Dupin organise une exposition René Char : « Le poème de René Char, c’est ce corps irradiant, en mouvement, ascensionnel, qui regarde à la plus haute interrogation de la poésie. » Il monte aussi une Rencontre avec Pierre Reverdy et ses amis : « Plus que jamais, écrit Dupin, pour nous le temps est couvert, l’écriture est attente, hors de prise ». Jean-Louis Pratt, regard aigu, longtemps directeur de la Fondation montera l’exposition « De l’écriture à la peinture ». On lui doit aussi l’inégalable rétrospective Nicolas de Staël.

Olivier Kaeppelin revient sur le passé de la Fondation Maeght, qu’il dirige à présent. Pour ces cinquante ans ont été réunies des œuvres désignées par la Fondation ou entrées dans son fonds : d’Adami, Alechinsky et Bacon jusqu’à Ubac, Van Velde, Venet. Van Velde. Il s’agit de Bram. Son frère Geer s’était jadis brouillé avec Aimé Maeght. C’était pourtant à lui qu’était revenu l’honneur du premier numéro de la revue Derrière le miroir (1946). Sous le titre « Le noir est une couleur », cinq lithographies.

Picasso est aussi absent du panorama et du fonds. À chacun son territoire. Aimé Maeght gardait le sien jalousement.

Georges Raillard

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