Votre recherche par critique
Marie Etienne
Un problème de coeur
Bref, il y a un mort, un cadavre quelque part, dont Simon, le narrateur, ne parvient pas à se défaire, qu’il enferme dans un coffre, celui de sa voiture, puis dans le jardin sous les tomates, qu’il...
L'évangile selon Marie
Marie n’est pas d’accord, et elle prend la parole. Pour la première fois. S’était-on aperçu qu’elle n’avait jusqu’alors jamais dit un seul mot, qu’elle s’était contentée d’enfanter, sans même chois...
Le rire de Nerval
Comment parvenir, se demande un personnage de Jean Paulhan dans Les Causes célèbres, à voir du premier coup les choses pour la deuxième fois ? »
Et de même, devrait se demander tout lecteur consci...
Pour Malek Alloula
Cet Oranais qui aimait tant Paris, où il vivait depuis 1967, dont il aimait les ponts, la Seine qui fleurait bon la mer, était un écrivain rétif – à la langue, le français, dont pourtant il usait p...
Un Diderot des temps modernes
Danièle Sallenave et Georges Banu avaient souhaité, lors de la première édition parue en 1990 et reprise aujourd’hui, augmentée, mieux faire connaître la pensée et l’œuvre de celui qui fut, dès les...
La prose élargit le poème
Bailly rappelle au passage que c’est Baudelaire qui a autorisé, encouragé la prose à devenir poème. Les textes qui composent cet « élargissement » ont été prononcés au cours de conférences et publi...
La traversée des genres
Chez Yves di Manno, avant même les photos qui accompagnent le texte, la ponctuation joue sa partie, en s’interposant à l’intérieur du titre à une place inusitée : entre l’article et le substantif. ...
Loin d'Ithaque
Gilles Jallet, que nous connaissions depuis la publication de son premier livre chez Seghers en 1985, se différencie de tous en ce qu’il est éminemment « classique » dans ses références et son maté...
Traité du désespoir
On y pénètre, on s’enfonce dans ses péripéties comme dans un roman noir, pas un instant l’attention du lecteur ou la tension du récit ne faiblissent, non seulement parce qu’il y a mort d’homme et q...
Au plus près du théâtre
La mise en scène contemporaine valorise justement l’accessoire en même temps qu’elle limite les objets du décor. Sur le plateau des Quatre Molière mis en scène par Vitez (en 1977), le parquet était...
Freiner la course du temps qui passe
Marie Étienne : Personne ne vous voit seulement comme la petite-fille de Jean Paulhan : vous vous êtes fait un prénom. Est-ce que cela a été difficile ?
Claire Paulhan : Quand, il y a plus de dix-...
Les mots des autres
Louise Dupré est poète, romancière, essayiste. Elle enseigne à l’université de Montréal. Québécoise, elle parle sa langue, la nôtre, le français, d’une voix douce, un peu chantante. Et elle écrit d...
Le cobaye et la gerboise
Dans le cadre de la politique de dissuasion nucléaire voulue par le général de Gaulle, les quatre premiers essais français réalisés dans l’atmosphère, sous le nom d’« opération Gerboise », se dérou...
Le capteur de sons
Ce que je sais d'Olivier Cadiot
Ce n’est pas un hasard si Olivier Cadiot travaille avec des metteurs en scène. Il a été, très tôt, et en tout cas dès ses premières parutions en public, l’acteur de...
"La ligne du rêve qui pense"
C’est qu’il s’agit avec ce livre d’acquérir « si peu que ce soit un morceau de couleur » (1) et, avec la couleur, la joie, par le moyen de la peinture et de la poésie. Celles-ci, ajoutées à la natu...
La mesure et l'excès
Or, ce même mois de juin 1978, le n° 74 de la revue Action poétique lui consacrait ses soixante-dix premières pages. Et ce fut un séisme, dans la revue d’abord, dont le comité de rédaction se scind...
Actualité de Louis Calaferte
En 1952, Louis Calaferte publie son premier récit, Requiem des innocents, chez René Julliard. Le manuscrit avait enthousiasmé Joseph Kessel, qui le lui avait fait retravailler et l’avait proposé à ...
Hélène contre le Minotaure
Elle a pour timonier H. C., ainsi que se désigne Hélène Cixoux, ou H., ou simplement Hélène, beau prénom homérique comme l’est celui d’Ariane (Mnouchkine). La mère, l’héroïne, emprunte son prénom a...
Trois poètes et leur pas de côté
De François Dominique, romancier et poète, nous dirons qu’il retrouve, à l’occasion d’Atout cœur, le ton de ses premiers ouvrages, plus inspirés par sa biographie que les suivants. Son texte commen...
Liberté hautement surveillée
Dans son roman, Éric Reinhardt use à plusieurs reprises des mots « mental » et « ressenti », substantivés. « Elle réclamait l’audace de décider enfin […] quelle personne elle voulait être, de s’ess...
L'émigration de l'intérieur
On n’est pas, dans ce livre, sur le terrain des statistiques, des discussions entre États membres de la Communauté européenne pour savoir si l’on doit, et dans quelles proportions, freiner l’immigr...
Araignées et blennies
On se souvient que le héros un peu falot du Quatuor avait émigré sur une île grecque pour se mettre à écrire, après ses démêlés avec les femmes, les hommes et la politique égyptienne. Or, on appren...
Donner un corps
On commence par regarder les livres de la maison d’édition Ypsilon présentés sur une table au Salon de l’édition indépendante, comme ce fut mon cas voici deux ans déjà, ou dernièrement dans une lib...
Le frère surnuméraire
Le socle est lézardé car les chiffres sont faux. Vrais et faux à la fois. Un frère s’est introduit, a été introduit, dans la file des enfants, entre le quatrième et le cinquième, qui en réalité est...
A la religieuse portugaise
C’est que l’épître paraît ici au principe même de la littérature, à l’articulation de ce qui est vécu et de ce qui relaie, prolonge et magnifie, compense et amplifie. Pour les lettres fictives, on ...
L'envie de vivre
Déclaration d’amour tout court, énoncée gravement : « Tu me manques au sang » ; ou énoncée avec humour, un humour très présent, contagieux : « En primaire, deux faux jumeaux, un garçon et une fille...
Djuna Barnes, la scandaleuse
Ryder est une invention. Une biographie. Une réalité inventée, c’est-à-dire tout ce dont on fait la littérature. « Sophie tenait pour fausse l’idée qu’un mensonge mis à nu va automatiquement à l’en...
La mesure du désordre
Le mathématicien qu’il est, l’érudit, l’inventeur de nouvelles prosodies, l’écrivain inlassable, capable d’écrire tout si ce n’est peut-être un roman (encore qu’il s’y soit mesuré), et surtout un r...
Une autre façon d'être humain
Elle constate que non seulement ces enfants ne souffrent pas de leur handicap, mais qu’ils sont capables d’autonomie et d’une vie normale. Plus tard, elle devient mère d’une enfant, Anna, le bébé d...
La vie n'est jamais pauvre
Quand César conquit la Gaule, la région, située à un carrefour de voies importantes, était habitée par des tribus belges. Flamande durant une partie du haut Moyen Âge, elle devint française au XIIe...
Ce qu'il y a de plus profond dans le plaisir (1)
Ces épiphanies, pour reprendre un terme joycien, sont les moments vécus dans la vie éveillée, souvent en relation avec l'amour, avec l'enfance, ou ceux vécus en rêve. Ils sont « scrutés, expliqués,...
Fenêtre sur Didier Cahen
Didier Cahen, poète et essayiste, s’est intéressé à Edmond Jabès, dont le verbe prolixe est fécondé par les textes sacrés, et à André du Bouchet, qui n’utilise les mots qu’avec parcimonie comme s’i...
Fenêtre sur Patrick Varetz
Poème-journal en mille morceaux
On hésite tout d’abord à entrer, on se tient sur le bord et quand enfin on se décide, on ne s’arrête plus, on est happé, tant les poèmes se font récit, tant le poèm...
Une terre qui veille
Terre sentinelle : un livre qu'on regarde, un livre qu'on feuillette sans entrer dans le texte, sans accorder d'abord, autant que d'habitude, son attention aux mots. Un titre, oui, par-ci, par-là, ...
Le plaisir solitaire et violent de la pensée
Marie Étienne : Quel est « l’autre » du titre ?
Bernard Noël : C’est à la fois le lecteur et les divers « sujets » qui occupent le livre, les amis, les modèles, les compagnons du silence (ceux de ...
Fenêtre sur Charles Racine
Qui était Charles Racine ? Un poète suisse de langue romande, lié à Jean Starobinski, Jacques Dupin, Yves Bonnefoy, Michel Deguy, Giacometti, Tàpies... On l'a comparé à Paul Celan. Et Martine Broda...
Fenêtre sur Marie Richeux
« Tu sais, j'ai vu un cerf. Je courais, j'ai vu un cerf. Frissons. Une dense couche de conifères ombrageux, moustachus, secs, faisait de la forêt un orage. Ce matin-là, les arbres étaient percés pa...
Fenêtre sur Stéphane Bouquet
« Plus tard : il a ouvert les voilages pour que la lumière se frotte sur lui. Je vivais seul, mais j'avais des harems de lumière : est-ce une consolation efficace ? Il écoute les bruits, la machine...
Un conte de Noël
En dépit de sa relative brièveté, le roman brasse de nombreux personnages, leurs accointances et une partie de leur destin avec vivacité et clairvoyance. C’est que sa construction est efficace, ass...
Les statues vivent aussi
« Mon enfance, je la cherche,Comme une image perdue.Ou plutôtC’est elle qui me réclame. »
Le film est comme un rêve, on le confond avec un rêve, les mots sont prononcés par Randal Douc et nous par...
La chute d'un ange
Du haut, du ciel, on ne connaît d’abord qu’un Ange. À ce qu’il nous apprend, le ciel est au plus bas car Dieu est mort. Il faut donc faire avec, cuisiner quelques restes. De bonté, par exemple, et ...
S'émerveiller
Il n’était pas facile de faire se succéder des poèmes souvent brefs, sans véritables liens entre eux, et d’époques différentes, alors que les volumes publiés du vivant de l’auteur ne comportaient e...
Un condensé pasolinien
Comme saint Paul, enfin, qui, avant sa conversion, manifeste son zèle pour le judaïsme enseigné par les Pharisiens et rejoint les persécuteurs de Jésus, il a commencé, en 1939, par faire partie d’u...
La faute des mères
La Mer et l’Enfant est de ceux-là. Quand on l’a commencé, on ne le lâche pas, on est tenu entre ses pages, tiré jusqu’à sa fin, inéluctablement. Un roman policier sans police, avec peut-être un meu...
La hérissonne apprivoisée
« Je loge dans un sommeil avec des mites, un sommeil à l’odeur d’algues et de goujons, un sommeil étroit comme un tube en plastique. Un sommeil sans ciel et sans candeur. » Mais peut-on les nommer ...
Un art poétique
Écrire, pour elle, n’est pas sans relation avec la danse, qu’elle pratique et qu’elle aime ; avec le goût des choses et des mots simples ; avec l’élan vital. Il y a de l’instinct chez cette femme, ...
La lettre au père
On y découvre son enfance, dans une ferme près d’un village, elle lui a donné le goût et le regret des grands espaces que les cités ne dévorent pas. D’autant que le petit garçon à l’air plus rogue ...
Une "profération somnambule"
Le singulier de « poésie » transforme les 72 poèmes de la Dixième poésie verticale en un poème unique, de même que celui-ci s’inscrit dans la continuité d’un titre unique, d’un dire unique, qui res...
Le fragment et la grâce
En essayant de la fixer pour la décrire, on prend le risque de l’affadir, de l’affaiblir. Ainsi, parler à son propos de transparence peut s’avérer désobligeant, pourtant, c’est bien de transparence...
Des histoires naïves et tragiques
Celui qui ouvre et qui ferme le livre, comme le note Philippe Di Meo, le traducteur-poète, dans sa postface, est l’alouette, à laquelle s’adresse Tozzi dans le tout premier texte (« qui tremble, te...